Shéol
Le mot hébreu she´ôl paraît 65 fois dans le
texte massorétique. La Traduction Œcuménique de la Bible, par exemple, le rend 33 fois par “séjour des morts”, 29
fois par “enfer”, 2 fois par “fosse” et 1 fois par “mort”. En
outre, le texte hébreu contenait à l’origine she´ôl en Isaïe 7:11; les versions grecques anciennes d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion l’ont
traduit par “hadès ” et la Bible de Glaire et Vigouroux
le rend par “enfer”.
Il n’existe en français aucun équivalent exact du mot hébreu she´ôl.
À propos de l’emploi du mot “enfer” dans la traduction de la Bible, on
peut lire dans une encyclopédie (Collier’s Encyclopedia, 1986,
vol. 12, p. 28) : “Comme à l’époque de l’Ancien Testament shéol
désignait simplement le séjour des morts et ne sous-entendait pas de
distinctions d’ordre moral, le mot ‘enfer’, tel qu’il est compris
aujourd’hui, n’est pas une traduction heureuse”. Des traductions
récentes transcrivent ce mot en français, ce qui donne “ cheol” (Zadoc
Kahn),
“chéol” (Osty) ou “shéol" (Jérusalem; Monde Nouveau).
Au sujet du shéol, A. Chouraqui (La vie quotidienne des
hommes de la Bible, Paris, 1978, p. 213, 214) a fait
ce commentaire : “Tous les morts, même ceux qui n’ont pas été enterrés,
sont groupés au Shéol : [...] tous, les rois comme les simples mortels,
subissent un sort égal et si peu enviable que les morts eux-mêmes ignorent sa
gravité. [...] Les morts ne louent pas Elohim. [...] [Le shéol] se situe sous
terre [...]. Nulle part il n’est question, chez les Hébreux, d’un Enfer où
se régleraient les comptes de cette vie.”
Même si, au cours des siècles suivants, l’enseignement grec de l’immortalité
de l’âme humaine s’est infiltré dans la pensée religieuse juive, il n’en
reste pas moins que le texte de la Bible montre que le shéol est la tombe
commune aux hommes, un endroit où on est inconscient (Ec 9:4-6, 10). Ceux qui
sont dans le shéol ne louent pas Dieu ni ne font mention de lui (Ps 6:4-5; Is
38:17-19). Pour autant, on ne peut pas dire que le shéol représente simplement
‘l’état de ceux qui sont séparés de Dieu’, car les Écritures ne
soutiennent pas du tout cet enseignement; elles indiquent en effet que le
shéol est “devant” lui et que Dieu est en quelque sorte “là” (Pr
15:11; Ps 139:7, 8; Am 9:1, 2). C’est pour cette raison que Job, aspirant à
être soulagé de ses souffrances, pria pour aller au shéol et pour que plus
tard Yahwah se souvienne de lui et l’appelle hors du shéol (Jb 14:12-15).
D’un bout à l’autre des Écritures inspirées, le shéol est
invariablement associé à la mort, et non à la vie (1 Sam 2:6; 2 Sam 22:6; Ps 18:4-5; 49:7-10,14,15; 88:2-6; 89:48; Isaïe 28:15-18; comparer aussi Ps
116:3, 7-10 avec 2 Cor 4:13, 14). Il est qualifié de "pays des ténèbres"
(Jb 10:21) et de "lieu de silence" (Ps 115:17). Abel fut apparemment le premier
à aller au shéol et, depuis, des milliards de morts l’ont rejoint dans la
poussière du sol.
Le jour de la Pentecôte 33 de n. è., l’apôtre Pierre cita le Psaume 16:10
et l’appliqua à Jésus-Christ. En rapportant les paroles de Pierre, Luc
utilisa le mot grec haïdês, ce qui indique que le shéol et l’hadès
sont la même chose : la tombe commune aux hommes (Ac 2:25-27, 29-32). Au cours
du Règne millénaire de Jésus-Christ, le shéol ou hadès sera
vidé et
détruit, grâce à la résurrection de tous ceux qui s’y trouvent (Ré
20:13, 14).
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