|
Voici, un courrier
reçu par BG, qui précise à la fin de celui-ci : «merci de m'indiquer
vos réponses! Je ne cherche nullement la confrontation, mais juste une
explication sur des "omissions" dans votre site ».
Salut , je voulais
vous dire une chose concernant votre site.
-
Les manuscrits :
vous dites posséder des manuscrits anciens en hébreu ! Or l'original a
été perdu, tous les commentateurs le savent bien ! Ce que vous appelez
"copies originales" ne sont que des "copies" de
"copies", de plus, un fragment : n'est pas une preuve.
-
Vous dites que la bible est la parole de Dieu :
prouvez-moi que les évangiles sont bien l’œuvre de Matthieu, Marc, Luc
et Jean !
-
Prouvez-moi que : l'apocalypse de Jean : est bien l’œuvre
de celui-ci ! Vous dites qu'il existe plusieurs versions de la
bible? : ces versions sont-elles identiques? N’existe t-il pas de
divergence entre la bible hébraïque, la bible samaritaine et la bible
grecque?
-
Vous dites que les bibles sont identiques : alors
comment comprendre que les protestants aient retirés 7 livres de leur
bible? Ces 7 livres sont considérés comme canonique pour les catholiques
!!!
-
L'église syriaque ne possède pas le 3eme livre
d'Esdras, mais les protestants et les catholiques, oui! Qui a raison? Qui
a la vrai bible?
Cher BG, reprenons une à une
vos préoccupations.
-
Les manuscrits :
vous dites posséder des manuscrits anciens en hébreu ! Or l'originale a
été perdue, tous les commentateurs le savent bien ! Ce que vous appelez
"copies originales" ne sont que des "copies" de
"copies", de plus, un fragment : n'est pas une preuve.
Le fait de ne pas
posséder l’original de nombreux rhéteurs anciens comme Pline,
Cicéron, et bien d’autres encore, ne pousse pas l’historien à nier
leur existence. Si de nombreux autres écrivains dignes de confiance
corroborent le récit, il apparaît logique de considérer leur existence
comme probable. Si les faits qui sont narrés sont confirmés par l’archéologie,
voire par des monuments, il apparaît insensé de refuser un récit sous
prétexte que l’on ne possède pas l’original. Il en est de même
concernant les manuscrits hébreux auxquels le site se rapporte.
Quand vous dites qu’un
fragment n’est certes pas une preuve, il est nécessaire de préciser :
une preuve de quoi? Prenons un exemple. Depuis fort longtemps, de nombreux
biblistes ont accrédité le récit de nombreux historiens chrétiens - du
premier et du deuxième siècle - concernant la rédaction de l’évangile
de Jean. Celui-ci aurait été rédigé à la fin du 1er
siècle. Il va s’en
dire que beaucoup ont eu la même réaction que vous. Cependant, il a
été trouvé des fragments de l’évangile de Jean. L’un d’eux date
de l’an 125 environ (voyez sur le site la datation des manuscrits
grecs). Puisque ce fragment, qui a été trouvé dans les sables d’Égypte,
est une copie, le support quant à lui, est antérieur. Quoique ce
fragment ne puisse attester que Jean a personnellement écrit l’évangile,
il confirme cependant les témoignages relatifs à sa période de
rédaction. Il est donc la preuve que l’évangile de Jean est antérieur
à la première moitié du 2ème siècle contrairement aux déclarations
de quelques critiques discoureurs. Par conséquent, puisque cette
découverte accrédite ceux qui font référence à sa période de
rédaction, il parait sensé de considérer que la suite de leur récit
est plausible.
En d'autres termes, si l’on considère l'ensemble des témoignages, on ne peut pas, en toute
logique et avec raison, rejeter les témoignages relatifs à la période
de rédaction. L’authenticité de la période de rédaction étant
confirmée, si les témoignages qui font référence à sa rédaction
parlent du rédacteur, il est plus réaliste de croire à ces témoignages
qu’aux considérations des critiques démythifiés. Surtout quant ces
témoignages sont de peu contemporains des rédacteurs.
Réponse
Avant de répondre à votre question,
il est utile de préciser que prouver qui est à l'origine d'un
écrit, ne signifie en aucun cas que celui-ci soit écrit sous inspiration
divine. Ce n'est pas le fait de connaître le rédacteur qui détermine si
le livre fait partie ou non de la Parole de Dieu.
Bien que l’Évangile
attribué à Matthieu ne précise pas qu’il en est le rédacteur, les
nombreux témoignages des historiens de l’Église primitive l’affirment.
En fait, de tous les livres anciens, celui de Matthieu est peut-être le
seul dont le rédacteur soit aussi clairement et unanimement identifié.
Déjà au temps de Papias de Hiérapolis (première partie du IIème siècle
de n. è.), une lignée de témoins attribuent à Matthieu la rédaction
de cet Évangile, qu’ils considèrent comme une partie authentique de la
Parole de Dieu. Voici ce que déclare l’ouvrage Cyclopedia, par
J. McClintock et J. Strong : “ Des passages de Matthieu sont cités par
Justin, par l’auteur de la lettre à Diognète (voir Justin de
Otto, vol. II), par Hégésippe, Irénée, Tatien, Athénagore,
Théophile, Clément, Tertullien et Origène. Ce n’est pas tant en
raison des citations elles-mêmes que de la manière dont il est cité, c’est-à-dire
comme une autorité reconnue et sans la moindre trace de doute, que nous
considérons comme établi que le livre en notre possession n’a subi
aucune modification brusque”.
D’autre part, si
on est en mesure d’établir par quelques points l’authenticité des
événements rapportés dans l’évangile de Matthieu, on peut avoir
foi dans ce récit. Ainsi l’étude de la nature du texte permet de
distinguer si le récit est authentique ou révèle de la fabulation. Au
sujet de la fabulation, on peut comparer avec l’évangile apocryphe du
philosophe Thomas par exemple. Le récit est il simple quant à son
expression, révèle t-il les fautes? Ce qui signifie qu’il serait
véridique. Il suffit de penser au nombre de fois que les disciples se
disputent pour savoir qui est le plus grand. Et où donc apprenons-nous
cela, si ce n’est dans les évangiles et particulièrement l’évangile
de Matthieu.
Voyons d’autres
exemples de ce souci scrupuleux de rapporter avec simplicité, mais aussi
avec exactitude, des événements relatifs au ministère de Jésus. On
trouve un exemple de ce souci scrupuleux d'exactitude dans la relation de
deux des miracles de Jésus.
Près de la ville
galiléenne de Bethsaïda, eu lieu un miracle qui concerne la
multiplication des pains et des poissons. Il est relaté par les quatre
évangélistes. Il avait pour but de donner à manger à cinq mille hommes
outre les femmes et les enfants. Chacun des évangélistes emploie le
même mot pour désigner les douze paniers employés pour recueillir les
restes (Mat: 14:20; Marc 6:43; Luc 9: 17; Jean 6:13). Le mot grec (kophinos)
signifie un petit panier comme en employaient les Juifs pour emporter des
provisions quand ils faisaient de courts voyages dans leur pays.
Matthieu et Marc
racontent l'autre miracle, c'est-à-dire comment Jésus nourrit quatre
mille personnes avec sept pains et quelques petits poissons dans la
région gentile à l'Est de la mer de Galilée. Après le repas, on
remplit sept paniers avec les restes. Cependant, dans ces deux récits le
mot pour panier est différent de celui employé dans la relation du
premier miracle. En effet, on se sert du mot grec (sphuris) qui désignait
un grand panier à provisions ou manne (Mat. 15: 37: Marc 8-8). C'était
en effet ce genre de panier que les Juifs du premier siècle emportaient
avec eux quand ils voyageaient dans la région gentile.
Nombreux sont ceux
qui ne font pas de distinction entre ces deux mots de sens voisin, mais
les quatre évangélistes, précis comme des personnes bien informées des
événements, ne confondent pas les deux termes (Mat. 16: 9, 10. Marc 8:
19, 20). De plus, c'était bien ces genres particuliers de paniers que les
Juifs voyageant dans ces territoires pouvaient s'attendre à voir. L'usage
de ces termes prouve qu'il s'agit bien d'événements réels, relatés par
des témoins oculaires ou par des personnes à qui des témoins oculaires
avaient raconté les miracles.
Considérons, si
vous le voulez bien, un autre exemple.
En Matthieu 20: 29-34 parle de la
guérison, par Jésus, de certains mendiants aveugles à sa sortie de
Jéricho. L’évangéliste Luc rapporte que c'était à son entrée dans
la ville (18: 35-43). Le premier récit mentionne deux mendiants alors que
l’autre se réfère à un seul. Il ne fait aucun doute que celui qui se
précipite va conclure hâtivement à une contradiction ! Quelques-uns
réfutent en disant qu’il s’agit de deux événements, ce qui est une
chose fort possible. Mais que révèle le contexte?
L'archéologie a
permis de jeter plus de lumière sur cette apparente contradiction. Au
début du XXème siècle, Ernest Sellin de la Société
orientale-allemande (1907-1909) dirigea des fouilles à Jéricho. Il en
ressort qu'au temps de Jésus, Jéricho était une ville double. L’ancienne
ville juive se trouvait à environ un kilomètre et demi de la ville
romaine. Il est possible, selon ces témoignages, que Matthieu parle de la
ville juive que Jésus avait quittée, tandis que Luc parle de la ville
romaine dans laquelle le Christ n'était pas encore arrivé. Ainsi donc,
en allant d'une ville à l'autre le Christ rencontra l'aveugle Bartimée,
qu'il guérit. Quant au nombre des personnes impliquées, Luc relate
l'expérience de l'une d'elles, mais Matthieu (ancien collecteur d'impôt,
donc plus précis quant au nombre) précise un détail en
faisant savoir qu'il y en avait une autre. Des exemples comme celui-là,
prouvent clairement que les écrivains bibliques n'agissaient pas de
connivence, autrement ils auraient supprimé les récits ayant l'apparence
de contradictions. Ils exposaient plutôt les faits avec fidélité.
D’autres ont
dénigré l’évangile de Matthieu, parce que selon eux, il n’existe
pas de hautes montagnes en Judée qui correspondent à la description du
chapitre 4, verset 8. Quelques croyants expliquent que Jésus a eu
une hallucination. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas dire que
le dialogue avec le diable est aussi une hallucination, que le diable
n'est pas un personnage réel mais une hallucination, et si l'on poursuit,
que toutes ces
choses ne seraient à prendre qu’au sens figuré (bien
entendu, l’auteur considère que certaines parties de l’évangile sont
à prendre au sens figuré, lorsque le contexte l'autorise).
De l'avis de
certains, Jésus a peut-être eu une vision? Mais dans ce cas, quelqu’un pourrait rétorquer que
tout le récit ne fut que vision. Cependant, si l'on compare avec les
récits bibliques relatifs aux visions des prophètes et des faux
prophètes des temps passés, une vision n'est possible qu'à condition
que l'esprit de l'homme qui en est le siège, soit ouvert à l'esprit qui
suscite la vision. Dans ce cas, il semble difficile de croire que l'esprit
de Jésus si pur soit dominé par un esprit impur. Il ne peut donc s'agir
d'une vision.
Est-il possible de
voir les choses plus simplement. Examinons d'un petit peu plus près le texte.
Matthieu, selon les évangiles, ne fit la
connaissance de Jésus qu’un an au moins après le baptême de Jésus.
Comme la narration est ici historique, il tient de quelqu’un ce récit
concernant le début du ministère de Jésus (peut-être de Jésus
lui-même).
Au verset 5, Jésus
se trouve à Jérusalem, sur le parapet du Temple. Contradiction ! Clameront certains, car Jésus a jeûné 40 jours dans le désert.
Réfléchissons, jeûné 40 jours dans le désert de Judée, ne signifie
nullement que Jésus ne se soit jamais présenté au Temple (situé en
Judée), pour revenir
ensuite dans le désert. Continuons.
Au verset 8, Jésus
est sur une montagne extraordinairement haute, et tous les royaumes du
monde lui sont présentés…
Flavius Joseph est
plus explicite quant au contexte de la Palestine et de la Judée. En
décrivant le contexte historique, il déclare que les romains avaient à
leur solde de nombreux mercenaires étrangers. Sans aucun doute, ils
étaient rassemblés chacun selon sa langue pour une meilleure
organisation. Il ne semble donc pas illogique de
penser que les factions romaines sont en mouvement, regroupées pas
ethnies, avec l’étendard romain, mais chacune avec la particularité qui
est sienne.
Sans certitude, mais
avec une juste raison, on peut déduire que le diable discute avec le
Christ à ce moment là. Et le langage de l’opposant « tous les
royaumes du monde » trouve non seulement son illustration, mais est très
bien compris par Jésus et plus tard par ses disciples. Mais alors pourquoi la montagne est-elle décrite
comme extraordinairement haute?
L’évangile de
saint Luc au chapitre 4, montre que la montagne n’était pas si haute
que cela. S’agirait-il d’une contradiction? Pas si l’on considère
le texte très simplement et d’une manière objective. Si vous
souhaitiez faire un récit aussi précis que possible au sujet d’un
événement d’une telle importance, n’iriez vous pas sur les lieux? C’est
probablement ce que Matthieu a probablement fait, et c’est là qu’un
aspect du personnage Matthieu apparaît. Supposez que vous êtes à la
place de l’évangéliste, et que vous soyez pris de vertige, comment
auriez vous décrit cette montagne? Probablement comme lui :
«extraordinairement haute ».
Ce dernier
commentaire vous semble t-il déraisonnable ou sensé? Peut-être
avez-vous vous aussi votre perception des choses. Mais si vous lisez et
relisez le récit de l'évangéliste, vous percevrez l'objectivité du
récit.
Voici quelques
éléments concernant l’évangile de Matthieu. Mais on pourrait en citer
beaucoup d’autres concernant les autres évangiles.
En conclusion, il
est permis de dire que si certains détracteurs de la Bible mettent en
doute la véracité des Écritures grecques chrétiennes parce que selon
eux, des détails manquent dans certains récits. Il est utile de rappeler
que si un écrivain essaie d'inventer une histoire croyable, il prendra
bien soin de donner toutes les précisions possibles afin que tout dans
son récit concorde et conduise à une conclusion logique. Il craindra que
son histoire ne rencontre aucune créance à moins d'être raisonnable et
complète. Par contre, celui qui raconte la vérité ne se souciera pas de
donner le moindre petit détail. Sa préoccupation principale sera de
transmettre son message et non de tromper son futur lecteur. Combien de preuves
faudrait-il à un juge pour accréditer le témoignage d’un accusé à
tord? Ainsi, eu égard l’évangile de Matthieu, croyez-vous qu’il y en
ait moins?
Cher BG, prouvez l’authenticité d’un texte, ne signifie nullement que
vous l’accepterez dans votre cœur. Vous demandez en toute légitimité
des preuves d’autres textes comme les évangiles et
l'apocalypse de Jean. En fait,
ce qu'il vous faut, c'est une étude biblique.
Cependant il est possible d’établir l’authenticité de ce livre tout
comme cela vient d’être fait pour l’évangile de Matthieu. Il semble
toutefois préférable de poser cette question : pourquoi l’authenticité
de l’apocalypse de Jean a t-elle était mise en doute? Si vous pouvez
répondre à cette question, vous percevrez que son enseignement s’opposait
à quelques congrégations dissidentes. Mais ce sujet sera développé
ultérieurement.
Voyons
vos autres préoccupations.
Il serait utile de
définir quelles sont les divergences auxquelles vous faites allusion, du
moins en ce qui concerne la bible hébraïque et la bible grecque. Je ne
considère pas ici le pentateuque samaritain adapté pour les chefs
religieux locaux.
Il y a effectivement
des divergences mineures qui sont apparues avant la venue du Messie.
Celle-ci ne change en rien le sens fondamental du texte. Il en est une
particulièrement appréciée de l’auteur, consignée en Ps 40:5-6 et
reprise par saint Paul dans son épître aux hébreux. L’expression «
tu m’as ouvert les oreilles » qui signifie que Jésus a reçu l’intelligence
des choses profondes.
Tout comme il est
expliqué ailleurs sur ce site, ceux qui s’attachent à l’esprit
plutôt que la lettre ne sont pas bouleversés quant à des divergences
mineures. Une étude approfondie fait ressortir que le sens fondamental n’a
pas changé, et s’il a changé cela s’est passé à une époque plus
proche de nous. C’est alors que l’étude comparative prend toute son
importance pour attester l’authenticité d’un texte. Tous les détails
sous forme de fragments ou d’ostracas concourent ainsi à prouver l’authenticité
des textes en notre possession.
Veuillez considérer
le thème « Le canon des Écritures », sur ce site, car aucun des ces
livres auxquels vous faites référence ne correspond aux critères
définis. Il est important de souligner que les 70 autres livres y
répondent, soit en partie soit en totalité. D'autre part, ces livres ont
été introduit officiellement que très tardivement dans les Saintes
Écritures (16ème siècle). En attendant que ce sujet soit
traité en profondeur, vous pourriez peut-être consulter le site de Christophe
Kieken .
Le développement de
l'église syriaque ainsi que l'acceptation d'apocryphes relève d'une
étude complète. Permettez-moi de reporter la réponse dans un thème
complet.
Cordialement
Dominique
|
|