Origine et développement de l’écriture arabe

 

L'arabe est un langage sémitique, lié à l'akkadien (assyrien et babylonien), au cananéen (phénicien, moabite, ugaritique, et à l’hébreu antique), ainsi que des langues aramaïques. Le langage parlé par le peuple de l'Arabie est mentionné sur des tablettes d'Akkadie du début du 1er millénaire avant notre ère.

L'arabe, comme de nombreux dialectes tels que le celte ou certaines langues, n’était pas écrit avec une écriture typiquement arabe. Les papyrus, les parchemins ou les inscriptions nous font connaître les dialectes écrits du 1er aux 4ème siècles de notre ère. On écrivait en grec à Palmyre, en araméen dans le royaume d’Édesse, en grec en Syrie et dans le Hauran, en nabatéen dans la Transjordanie, au Sinaï et dans le nord de l’Arabie jusqu’à Médaïn-Saleh au nord de Médine.

Le dialecte araméen appelé nabatéen a persisté jusqu’à l’Hégire. La preuve la plus évidente que le nabatéen était utilisé pour transcrire l'arabe est probablement cette pierre conservée au Musée du Louvre, à laquelle fait référence René Dussaud (dans son livre "La pénétration des arabes en Syrie avant l'islam"). Cette pierre est datée au plus tôt de l'an 328 et au plus tard du VIème siècle. Il s'agit de l'épitaphe, en langue arabe, du roi de Hîra, dont voici une partie de la traduction :"Ceci est le tombeau d'Amroulquais, fils de 'Amr, roi de tous les Arabes, celui qui ceignit le diadème (...)". Ainsi nous aurions là une preuve supplémentaire que l'écriture nabatéenne était utilisée par les Arabes, particulièrement après la chute de Palmyre.

Au sud de l’Arabie, on trouve des inscriptions dans 4 dialectes. Elles sont principalement minéennes depuis le VIIIème siècle avant notre ère, puis sabéennes et himyarites jusqu’à l’Hégire. Les lettres ne ressemblent pas au phénicien et proviennent du grec archaïque. Elles sont passées du Sud de l’Arabie à l'Éthiopie, et les migrations arabes les ont portées vers le nord de la Mecque et le Safaïtique dans le désert de Syrie.

Pour les besoins du commerce, il devait y avoir des scribes experts dans les langues qui avaient un alphabet : le grec, l'araméen, le nabatéen, le sud-arabique, l'éthiopien, le perse. Les maîtres portaient leurs sceaux pendu au cou, dans un petit sac et se bornaient à apposer ce sceau sur l’écrit (ancienne coutume biblique).

 

L’alphabet et l’écriture arabe.

Ce sont surtout les chrétiens qui ont créé des alphabets pour les peuples qu’ils convertissaient, et qui leur ont appris à lire et à écrire. L’arabe dit classique ne fait pas exception. Son alphabet est dû aux chrétiens, et c’est chez les chrétiens de Syrie que l’on trouve les plus anciens spécimens de cette écriture. L’alphabet arabe ne comprenait d’abord que 22 lettres comme l’alphabet syriaque et dans le même ordre (plus tard 15 graphies seulement constitueront la base des 29 consonnes que contient actuellement l'arabe).On a ajouté des lettres auxiliaires pour représenter des prononciations particulières. Beaucoup de ces lettres se distinguent par un ou plusieurs points, placés sur ou au dessous de la lettre. Les anciennes inscriptions (comme les plus anciens Corans) ne portent aucun de ces points. Ces textes sont donc illisibles ou sujet aux interprétations, car il y a plusieurs lectures possibles à partir des mêmes caractères graphiques .

La plus ancienne inscription arabe est peut-être la "bilingue grecque-arabe de Harran" que l'on trouve chez les chrétiens de la région du Hauran . Elle nous apprend qu’en l’année 568 de notre ère, Larahel, fils de Thalmou, phylarque des arabes, a construit un «martyrion» (temple) en l’honneur de Saint Jean. Une autre inscription arabe du 6ème siècle est celle qui figure sur ce qu’on nomme l'inscription «trilingue grecque-syriaque-arabe de Zébed» dans la région d’Alep. Mais ce n’est pas un vrai texte trilingue. Écrit en 512, il contient 5 noms arabes écrits sans les points diacritiques.A cette époque (donc environ 100-120 ans avant l’Hégire) , les Arabes chrétiens de Syrie avait un alphabet qui était utilisé localement, mais peu usité par d’autres, car il était illisible sans les points diacritiques.Longtemps d’ailleurs, les coutumes régionales syriennes furent conservées. Par exemple, alors qu’à l’époque les monnaies les plus utilisées étaient celles des Grecs et des Perses, lorsque les musulmans adoptèrent l’alphabet des chrétiens syriens, ils gardèrent sur leurs monnaies l’effigie de l’empereur grec et les insignes du christianisme de l’époque. Plus tard, ils ajoutèrent seulement le nom de la ville ou de la monnaie (Damas ou dirhem) en caractères arabes. Comme on peut le constater, l’influence des arabes chrétiens de Syrie fut importante. C’est seulement sous Othman (644-654) que son cousin Moavia, le futur calife et gouverneur de Syrie, fit frapper des monnaies purement arabes.Au sujet de l’écriture, un autre papyrus (daté) parmi les plus anciens est celui du Caire reproduit par Mme Lewis dans « Studia Sinaïtica » N° 12 pl. 1, de l’an 705 de notre ère, qui ne contient aucun point diacritique. Dans son étude sur les papyrus arabes, Mr Karabaiet n’a trouvé de point qui caractérise la lettre b que dans les documents datés de 81 à 96 de l’hégire (694-714) et le double point du y dans ceux de 82 à 89 (700-707).

 

La consonne nue représente les consonnes

B, Y, N, T, Th  :

avant 694

La même consonne avec un point dessous = B

an  694 -714

La même consonne avec deux points dessous = Y

an 700-707

Actuellement l'arabe contient 29 consonnes et 3 voyelles.

15 graphies constituent la base des 29 consonnes que contient actuellement l'arabe

C’est chez les Arabes chrétiens de Hira-Coufa que l’on a imaginé la plus belle écriture arabe, le coufique, qui devint l’écriture des anciens Corans.

Et c’est chez eux que l’on a imaginé les premiers points diacritiques. Ainsi Othman (644-654), avec l’aide des scribes syriens envoyés par Moavia, a pu écrire le 1er livre arabe, le Coran. Othman avait des liens de parenté avec les chrétiens de Syrie par sa femme Nâ‘ila, qui était de la tribu chrétienne de Kelb. Le père de son épouse était également chrétien. Dés lors, l’arabe avait son écriture et devint très structuré.

En effet, le dialecte mecquois était déjà bien élaboré. Il était véhiculé parmi toutes les tribus grâce aux poètes et aux orateurs qui s'engageaient dans des joutes verbales lors des grandes foires annuelles. Celles-ci avaient lieu pendant les trêves sacrées durant lesquelles les guerres entre tribus cessaient. Mais il manquait à l'arabe son écriture et celle-ci fut élaborée et développée au VIIème et VIIIème siècles de notre ère. 

Dès lors la littérature continua son essor, à commencer par les premières traductions d'écrits médicaux, astrologiques et alchimiques, faites à la demande du calife Khalid ibn Yazid Mu'awiya (Moavia). Elles voient le jour entre 685 et 704 (64 et 83 de l'Hégire).

Puisque les savants sont souvent ceux qui transmettent la culture et le savoir, nombreux sont les historiens qui voient là, en plus des preuves historiques et archéologiques, le fait probant de la naissance spontanée de l’écriture arabe structurée. Sinon, pourquoi les savants arabes auraient-ils pris le soin de traduire à partir du grec et du perse en écriture arabe leurs livres de sciences, de médecine et d’astrologie? Or, si quelqu'un devait plus que le peuple connaître l'écriture, il s'agit bien des savants arabes!

Pourquoi n'y en avait-il pas en écriture arabe? Les savants ne connaissaient-ils pas l'écriture? Ce n'est pas sérieux, à moins que cette écriture ne se soit étendue subitement, et qu’elle soit désormais devenue le nouveau véhicule de la connaissance à la place d'autres écritures comme le grec ou le persan. C'est du reste ce qui s'est passé.  A ce sujet, il est utile de préciser qu’il y a deux écoles :

 

 

Compléments Bibliothèque Nationale de France:

REMARQUE

 

Cette étude nous permet d'élucider certains points qui sont demeurés obscurs pour beaucoup d'entre nous, et de décrypter l'histoire de la constitution du texte coranique. Il est désormais possible de comprendre pourquoi il a été demandé de détruire toutes les premières copies du Coran, si nous considérons que :


Il est aisé de concevoir que des écrits en nabatéen (et dérivés chaldéens) ou en grec circulaient. Puis une prééminence politico-religieuse s'est établie autour de chacun de ceux qui se prévalait d'avoir conservé avec soin les paroles de Mohamed. Les récits historiques et les documents écrits que nous possédons montrent :

Puis des luttes internes eurent lieu. Ces guerres sanglantes qui visaient l'anéantissement des opposants et de leurs copies, ont fait qu'Othman est sorti vainqueur de ce combat pour une hégémonie politico-religieuse.

Après la destruction des copies, l'écriture arabo-syrienne a pu supplanté aisément la mémoire écrite nabatéenne ou grecque, d'autant plus que cette écriture arabo-syrienne était peu utilisée et inconnue de l'ensemble des arabes. Elle a ouvert la porte à une élite religieuse, qui était seule habilitée à décréter quels étaient les bons ou les mauvais versets coraniques. En effet, les traces écrites anciennes n'existaient plus et les anciens compagnons de Mohamed étaient presque tous morts. Si des textes sur des peaux de chameaux, sur des omoplates ou sur des feuilles de palmiers, ont été consultés, ils ne pouvaient être écrits qu'en langue grecque ou nabatéenne, et par conséquent le Coran ne serait qu'une traduction.

Si l'on considère la partie historique (tous les documents à la disposition des historiens) composés :

et que l'on fait la part des choses entre :

Une chose est certaine : la révélation coranique n'est pas ce qu'elle a été.

Pour les enjeux politiques, vous pouvez également consulter une encyclopédie tel que l'Encyclopaedia Universalis au terme Omeyyades.

Note Il se peut que quelques uns soient bouleversés à la lecture de cette page. L'auteur rapporte des faits historiques observables par tous, et si quelqu'un est consterné parce que cela ne va pas dans le sens de son espérance, l'auteur en est désolé. Les actions de l'homme ont fait l'histoire, elle s'accepte ou se refuse, et il n'est pas possible de la réécrire pour atténuer la susceptibilité de quelques uns. En aucun cas l'auteur ne souhaite porter atteinte à la dignité des individus et à l'ensemble de ce peuple d'un si grand intérêt culturel. Son but est de montrer le développement de l'écriture arabe, écriture qui sera utilisée plus tard pour diffuser la Bible.

Note: Pour le lecteur qui souhaite davantage de renseignements sur le sujet, il est prié de se référer aux pages 83-105 de l'ouvrage "Le Coran est-il authentique" (de Mondher Sfar - éditions Sfar 1 rue Cassini 75014 Paris).L'auteur de ce livre a pris le soin de renvoyer le lecteur vers plus d'une centaine de références historiques sérieuses.

Les pages suivantes qui ont été consultées, sur Internet, confirment (documents à l'appui) la remarque abordée dans le thème de cette étude.

Tout particulièrement : Brother Mark (attention : temps de chargement long) qui reproduit quelques passages du manuscrit de Samarcande adresse :

http://www.bible.ca/islam/library/perfect-koran/index.htm

L'Unesco qui expose pour la première fois des photographies prises récemment à Tachkent de quelques pages du manuscrit original de Samarcande, présenté sous le titre de« Musha de Uthman»:

http://www.unesco.org/webworld/nominations/en/uzbekistan/reading.htm

Christoph Heger expose une page des manuscrits de San'â sur sa page web :

http://home.t-online.de/home/Christoph.Heger/palimpse.htm


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